De quoi Badiou est-il le nom ?
dimanche, 07 mars 2010
Odieux Badiou !
par Alain Santacreu
Que Badiou soit un des noms du « très bas », on s’en persuadera en lisant l'essai ravageur de Kostas Mavrakis. Ce petit livre très dense est un acte de foi, un autodafé subjectif, une critique « intérieure » de la praxis de l’autocritique maoïste. En effet, dans les années 70, Badiou collabora à la revue Théorie et politique fondée par Mavrakis, alors proche zélateur de la Gauche prolétarienne et, vingt ans plus tard, il présida le jury de la thèse universitaire soutenue par l’auteur. Cette histoire est donc celle d’une relation de maître à disciple, d’une amitié intellectuelle qui, en se terminant mal, nous vaut aujourd’hui cet ardent pamphlet philosophique.
Le titre nous oriente vers la finalité de l’ouvrage. Dans De quoi Sarkozy est-il le nom ? (2007), best-seller qui a contribué à sa notoriété médiatique, Badiou, sous prétexte de critiquer notre fraîchement émoulu président, exposait sa vision politique ; le détournement du titre de son ouvrage par Mavrakis est mimétique : l’auteur, tout en proposant une critique irradiante de celui qu’il nomme – avec quelque ironie, espérons-le ! – « le plus grand philosophe vivant », en profite pour avancer ses propres convictions politique, religieuse et esthétique. Ainsi, Badiou devient pour Mavrakis ce que les hindous appellent un upaguru, c’est-à-dire une « cause occasionnelle » susceptible de déclencher une prise de conscience, une ouverture spirituelle. Comme l’affirme le proverbe, « le diable porte pierre » : un étron peut, en certaines circonstances, jouer le rôle d’upaguru.
La rupture de Mavrakis avec Badiou a lieu en 2005, lorsque paraît Le Siècle, une apologie éhontée de l’art contemporain. Badiou y approuve les avant-gardes artistiques qui, tout au long du vingtième siècle, ont préféré « sacrifier l’art que céder sur le réel » [1]. La mort de l’art est donc, selon lui, l’acte sacrificiel qui permet la réalisation du réel, c’est-à-dire « la mort de Dieu ». Si Badiou n’avait pas joint sa voix aux ennemis de l’art, sans doute ce petit livre n’aurait-il pas vu le jour. Docteur en philosophie et en arts plastiques, peintre, Kostas Mavrakis a publié, en 2006, Pour l’Art. Éclipse et renouveau, ouvrage auquel il renvoie très souvent tout au long de son pamphlet.
Pour Badiou, les avant-gardes, en destituant l’œuvre de l’artiste, avaient pour finalité un art matérialiste et athée. Mavrakis ne semble pas remettre en question cette interprétation. Contrairement à d’autres analyses contemptrices de l’art contemporain, comme celles de Christine Sourgins ou d’Aude de Kerros, il ne relève pas la rupture essentielle qui se joue, au détour des années 60, avec le schisme duchampien, ce qui l’amène à voir une continuité nihiliste entre le modernisme et ce qu’il appelle le non-art. Ainsi, en ce qui concerne plus particulièrement le domaine russe, il ne distingue pas entre modernisme et modernité, deux notions fondamentales dans l’évolution de l’art moderne, développées par Gérard Conio dans L’Art contre les masses où cet auteur démontre la contradiction entre l’organicité moderniste et spirituelle du cubo-futurisme et la mécanicité de la modernité matérialiste et constructiviste. Un parallélisme serait aussi à faire , selon nous, entre l’échec de cette avant-garde radicale et l’écrasement du socialisme non-étatique des conseils ouvriers : « Les artistes et les poètes d’avant-garde avaient une tout autre visée que le bolchévisme. La plupart d’entre eux se sentaient plus proches du mouvement anarchiste. Tatline avait conçu et fabriqué un poêle pour les frères Gordine, les dirigeants de ce mouvement. Malévitch écrivait dans la revue Anarkhia. Mais quand les anarchistes furent éliminés, comme tous les partis et courant de gauche, les jeux étaient faits. » [2] L’idée archétypale du communisme est chrétienne et c’est bien pour cela qu’il s’agissait d’étouffer l’avant-garde radicale avant, qu’au delà de l’ombre portée de l’anarchisme, elle ne prenne conscience de l’esprit « traditionnel » de l’idée libertaire.
La pensée badiouesque n’est que la soufflure du mot-baudruche « communisme » que Mavrakis, lui, par sa conversion, a crevé à la fine pointe de son âme. L’ancien disciple n’hésite pas à plonger son calame dans l’eau vaseuse et croupissante où le maître s’est baigné. Il le fait apparemment sans dégoût, c’est charitable et salubre : pourquoi faudrait-il masquer, déguiser, farder, altérer, incliner la vérité pour ne pas mécontenter, blesser, vexer tous ceux qui sont malades et qui nous contaminent ? Un chrétien ne peut se faire le complice de ceux qui maintiennent « la Vérité captive » – pour reprendre le titre de l’ouvrage remarquable de Maxence Caron. Mavrakis, désigne Badiou comme son « adversaire », c’est peu dire car, bien loin d’être une respectable joute philosophique, il s’agit là d’un véritable combat pour l’âme de l’homme, du destin de l’art, le plus fondamental des enjeux civilisationnels, selon Mavrakis.
Badiou, toute honte bue, a osé émettre l’hypothèse d’une invariance idéelle, presque platonicienne, du communisme. L’ancien maoïste s’est permis de revisiter l’histoire et de se réapproprier les luttes authentiques des opprimés que le totalitarisme bolchévique – qu’il soit russe, chinois ou de Pétaouchnok – a toujours écrasées. De quel côté, odieux Badiou, étaient les invariants communistes tout au long de l’histoire : en 1921, à Cronstad, en 1937, à Barcelone, en 1956, à Budapest et, même, en 1968, à Paris ? Il est abject de présenter comme une fatalité de l’histoire le fait que la révolte spontanée des masses soit systématiquement appropriée et détournée par les forces historiques qui deviendront ultérieurement dominantes. Ce fut le cas en 1968, quand les étudiants, les intellectuels et les ouvriers, tous lobotomisés par le marxisme-léninisme, préparaient la voie de la nouvelle élite techno-libérale. Être maoïste en 1968, ce n’était pas « tenir un point de réel » mais participer à la mystification de l'histoire. Alors que Badiou est resté immuablement maoïste, Mavrakis, en se convertissant au christianisme, s’est ouvert à la Présence réelle.
Dans son pamphlet, Mavrakis démontre de façon admirable combien les positions badiouesques rejoignent celles de ce libéralisme qu’il prétend combattre : « Le monde du grand capital transnational unifié par le marché et la circulation des signes monétaires engendre une idéologie qui exalte l’uniformisation dont une variante s’exprime dans les écrits politiques de Badiou ». (p. 19) La peur de Badiou, c’est de perdre son nom ; et cette peur, la crainte de décevoir ses affidés, le précipite dans ce « pétainisme analogique » qu’il prétend dénoncer : il vend son âme comme un ready-made, à l’unisson des Pinault et Arnault, sa philosophie s’assimile au « non-art ».
En effet, l’art des avant-gardes du XXe siècle est une désorientation organisée par le capital à travers les différentes formes du capitalisme, d’État ou libéral. Si, pour Badiou l’événement est la crise qui appelle l’avènement d’une vérité nouvelle, on concevra qu’il n’y ait, pour un chrétien, qu’un seul événement continué : la Révélation. On regrettera par conséquent que Mavrakis, lui-même chrétien, se soit placé, dans sa critique du non-art, sur le terrain « philosophique » – de cette philosophie qui, pour Badiou, naît de l’invention de la mathématique : philosophie de la quantité et de la modernité – plutôt que de développer une critique théologique de l’art contemporain. Cependant, l’auteur emploie dans un passage une expression particulière qui pourrait être la clé véritablement chrétienne de son pamphlet : « Des gens intelligents, dont certains sont même sensibles à la peinture, prennent fait et cause pour ce prétendu "art contemporain". Comment s’expliquer qu’ils confondent ainsi l’art et le non-art, le beau et le nul, ce qui revient en fait à intervertir le bien et le mal, le vrai et le faux ? j’ai toujours été frappé par ce mystère d’iniquité » (p. 64).
Un chrétien ne peut employer inconsidérément l’expression « mystère d’iniquité » ; c’est une périphrase qui n’intervient qu’une seule fois dans les Écritures, dans une Épître de saint Paul, pour désigner l’Antichrist : « Et maintenant, vous savez ce qui le retient (to katékhon) pour qu’il ne soit révélé qu’en son temps. Car le mystère de l’iniquité est déjà à l’œuvre ; il suffit que soit écarté celui qui le retient (ho katékhon) » [3]. Saint Paul nous dit que « quelque chose » empêche la manifestation de l’ennemi de la vérité. Il est généralement admis que cette puissance qui fait obstacle (to katékhon) est l’Empire romain. Évidemment, si l’on estime que l’Empire romain s’est éteint depuis longtemps, il faut en conclure que, depuis cette disparition, l’Antichrist est parmi nous. Mais on peut aussi considérer que l’Empire romain a subsisté jusqu’à nos jours sous la forme des nations européennes de l’Empire chrétien. Le Traité de Rome, signé en 1957, en instituant la Communauté économique européenne a peut-être une signification eschatologique que dévoilerait son propre nom. Quant à la date, elle indique le proche avènement du schisme duchampien, cette inversion de l’art contemporain qu’il nous faut interpréter comme le négatif révélateur de l’Abomination de la désolation.
On remarquera que dans son livre Mavrakis parle avec insistance de la haine de Badiou pour la « civilisation » européenne. D’une certaine façon les nations chrétiennes se sont dissoutes dans l’Union européenne. Cette dissolution a produit le triomphe de Sarkozy et Badiou, deux noms qui désignent la même chose.
[1] Le Siècle, Éditions du Seuil, 2005, p. 185.
[2] Gérard Conio, Les Avant-Gardes : entre métaphysique et histoire, L'Âge d'Homme, 2003, p. 13.
[3] 2 Th 2, 6-7.
28 commentaires
Renvoyer dos à dos Badiou et Sarkozy, il fallait le faire ! D'un côté, le communiste platonicien (ou l'inverse) et de l'autre le chantre du libéralisme. En fait, deux visions de la société se ramenant à un paradigme commun : l'économie. Le problème, c'est que l'économie ne crée que... de l'économie, qu'elle soit planifiée, version soviétique, ou libéralisée, façon américaine. Et dans les deux cas, la même régression vers le veau d'or, la déspiritualisation des hommes. S'il reste encore un socialisme, celui-là ne peut être que libertaire ET spirituel. Mais sans doute ne s'agit-il que d'une utopie...
Dans son discours Badiou se livre aujourd'hui à une véritable inversion sémantique visant à remplacer son atavique communisme mao-stalinien par un "communisme libertaire", non autoritaire et non étatique, de type bakouninien ; c'est en cela que sa philosophie s'apparente à l'usurpation de l'art contemporain qui substitue le "non-art" à l'art. Kostas Mavrakis ne relève pas ce détournement sémantique dans son ouvrage ce qui est fort regrettable.
odieux christianisme !
le communisme qui vient avec Badiou est clairement et joyeusement athéiste matérialiste et donc (enfin !) philosophique
puisque chez Badiou ce sont la vérité et l'amour qui sont en jeu, ensemble, pour refonder le politique et l'art
il s'agit donc pour lui, sérieusement, d'en finir avec la chrétienté (ou Occident) et le capitalisme (ou Mort)
je tiens que le projet de Badiou est aujourd'hui le seul projet philosophique contemporain car le seul métaphysique (le reste est sciences humaines ou théologies)
je pense que ce projet est dans la droite continuité du projet d'Antonin Artaud, qui, après 1945, produira la seule anthropotechnologie du XXème siècle
voir ici
http://www.editions-lignes.com/ARTAUDIEU.html
Il me faut tempérer votre enthousiasme de badiouïsant : la métaphysique biblique et apostolique n’est pas une métaphysique de l’Un. Ce contre-sens annihile toutes les "Logiques des mondes" axées sur les mathématiques comme ontologie de l’être : le « compte-pour-un » compte pour des prunes et Cantor ne sert à rien pas plus qu’Althusser. Décréter qu’il n’y a nul Dieu parce que l’Un n’est pas, ne dérange pas le moins du monde un chrétien puisque, précisément, pour la métaphysique de l'Exode biblique, l’Un n’est pas mais Seul est « Je suis Celui qui suis » (Ehyeh Asher Ehyeh). Quant à Artaud, l’axe de sa « pensée » se fonde sur une anthropologie ternaire, ce qui rend votre interprétation irrecevable (on peut donc se dispenser de lire votre ouvrage).
... et le rien participe donc de celui qui dit qu'il est celui qui est (bingo!)
pas de problème : ce sont des mots
Badiou et moi ne décrétons pas que dieu n'est pas
nous savons ce qu'il en est : qu'il n'est rien, ni dieu, sinon des hommes, du langage et des vérités par ailleurs
c'est toute la merveille humaine de la pensée de Badiou, une vérité pratique refondée et reconstituante
quant à Artaud puisqu'il est dit et rendu public clairement dans mon livre ce qu'il en est, c'est cela qui est : on peut ne pas lire bien évidemment, on devrait surtout dire autrement et rendre public si autrement peut être dit, mais il n'en est rien.
Selon Badiou, tout multiple "sans Un" est la loi de l’être. Tout multiple n’est jamais à son tour que multiple de multiples : cet indéfini qui n’est pas l’infini, la Bible l'appelle « Légion ». Dans cette théorie badiouesque, le seul point d’arrêt est le vide. C’est-à-dire que Badiou s’arrête où commence la métaphysique chrétienne de la création (« ex nihilo »). Pour lui, l’ensemble vide qui fonde tous les ensembles est le seul nom propre de l’être. Ce qu’il ne voit pas c’est que le néant est donné, c’est un acte d’amour, une prolepse de l’incarnation : la kénose du Père anticipant celle du Fils.
« La pensée contemporaine confond le néant dont le monde est tiré avec l'acte de Dieu. Le néant lui-même en devient producteur, ce qui est évidemment impossible - on en fait une donation, une donation pure et nue, sans fond. Le désir de nihilisme est tel qu'on donne au néant l'initiative, quand bien même il y a là raisonnement parfaitement absurde. C'est Dieu qui fait passer du néant à l'existence, et non le néant lui-même qu'on chargerait de recouvrir un principe plus profond. »
Maxence Caron, "La Vérité captive. De la philosophie", le Cerf / Ad Solem, 2009, p. 376, note 44.
cela ne m'étonne en rien
que la pensée de l'autre soit absente et niée chez vous
le christianisme n'est pas un humanisme
c'est une maladie maniaco-dépressive
dont quelques autres et moi-même allons vous débarrasser
surtout continuez à ne pas exposer l'autre que je suis (accompagné d'Artaud et de Badiou) dans ces commentaires
dieu cette chose qui vous mine l'esprit vous en sera reconnaissant, c'est certain
à bon entendeur
à Maxence Caron (où cas où vous vouliez faire passer)
rien de philosophique dans tout ce charabia
en 2010 la philososophie c'est Badiou, c'est-à-dire la métaphysique
je n'ai jamais vu le rapport entre Aristote et la philosophie et le monothéisme
votre monomaniaquerie théiste est une mythologie peu efficace en 2010, soyez sérieux SVP
« Le scribe reprit : " Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est unique et il n'y en a point d'autre que Lui. L'aimer de tout son coeur, de toute sa pensée, de toute sa force et aimer son prochain comme soi-même, cela vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices." Jésus, voyant qu'il avait répondu avec intelligence, lui dit : " Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu ! " Et personne n'osait plus l'interroger. » Mc 12, 32-34
La métaphysique de l'Union est le contraire de la métaphysique de l'Un.
je ne vois pas bien où sont la métaphysique et la philosophie quand la pensée chrétienne contemporaine en est encore à travailler l'humain au corps pour lui faire cracher son âme : il n'est que de voir le traitement révisionniste de certains concernant Rimbaud, Nietzsche, Artaud, Céline (surtout eux quatre) pour leur faire rerentrer de force le christianisme dans la gorge (modèle Claudel de droite de la grande époque) : rêver comme des enfants l'union sacrée catholique universelle sans les athées (version miséricordieuse "nous prions pour eux") ou contre les athées (version benoît XVI "Raus !")- les athées, c'est-à-dire l'humanité - c'est comploter à quelques-uns contre l'humain réel pour faire un club de bisounours ébahis
Votre esprit est totalement aliéné par l'idéologie philosophique. Vous partez de l' a priori que la métaphysique biblico-chrétienne est une question de « croyance », de "Glauben" dirait Heidegger après Kant, et qu'elle est donc hors de la philosophie : la distinction de l’être créé et de l’être incréé serait en dehors de son champ. Est-ce que cela vous permet d’en conclure qu’il n’existe qu’une sorte d’être et, qu’en conséquence, l’Univers physique est le seul être nécessaire, "haplôs", comme le pensaient les plus anciens philosophes matérialistes grecs ? La pensée de l’athéisme est paralogique (et la caution des théories de George Cantor ou de Paul Cohen n’est que la dernière mascarade marxiste !). On ne peut pas loger dans le même « Ensemble » tous les êtres et Celui, l’Unique (qui n’est pas l’Un néo-platonicien) qui peut dire de lui-même : Je Suis. Votre discours sent les bottes. De Spinoza à Heidegger et jusqu’à Badiou, la seule fonction de la philosophie moderne a été de gazer la métaphysique judéo-chrétienne. Et vous osez parler de révisionnisme ? Edith Stein est morte à Auschwitz et Heidegger dans son lit, ceci est une vérité.
Le marxisme n'a rien pu ni voulu négocier ou penser avec le nazisme, et la philosophie non plus, jamais.
Le nazisme avait tout avantage et toute possibilité de négocier et penser avec le catholiscisme (Pie XII n'est pas mort à Auschwitz) que ce soit à partir de l'antisémitisme religieux qu'à partir de la politique antihumaniste.
Le christianisme a toujours inventé des bottes à la taille de son dieu : c'est mythomanie et erotomanie ensembles.
Saint Maximilien KOLBE aussi est mort dans le camp de concentration nazi d'Auschwitz, le 14 août 1941, veille de la fête de l'Assomption de la Vierge MARIE. C'était un fils spirituel de saint FRANÇOIS d'Assise (1182-1226), le premier chrétien stigmatisé connu; le dernier (reconnu) en date étant saint PIO de Pietrelcina (1887-1968). Le corps de ce capucin italien, retrouvé intact lors de l'exhumation en 2008, est désormais exposé à San Giovanni Rotondo dans une châsse en cristal créée et réalisée par le grand artiste contemporain GOUDJI. ( Tout un chacun peut se renseigner à ce sujet sur internet). À propos du père KOLBE, voici ce qu'écrit le professeur Jean BORELLA dans le n° 22 de la revue CONTRELITTÉRATURE (Éd. de l'Harmattan, 2010, pp. 97-98): " Fait unique dans les annales de l'horreur concentrationnaire, il [le P. KOLBE] offrit spontanément de prendre la place de l'un des dix otages (un père de famille) que les autorités du camp avaient condamnés à mourir de faim dans un bunker, en représailles pour l'évasion d'un détenu. Quatorze jours plus tard, après avoir soutenu le courage de ses neuf compagnons et apaisé leur haine dans la prière et les chants religieux, le père Kolbe fut retrouvé, seul survivant, veillant et priant, et achevé d'une piqûre de phénol. " À la question brutale de Fritch, le chef du camp, absolument ahuri par l'audace de ce bagnard qui voulait prendre la place d'un condamné : " Qui donc es-tu ? ", Maximilien Kolbe avait donné cette simple réponse : " Je suis un prêtre catholique." Il convenait de rappeler ces faits pour qu'on n'oublie jamais à quelle hauteur de sacrifice peut s'adosser la métaphysique de l'Immaculée Conception. " Qui parle bêtement de " bisounours ébahis " ?
Vous avez été formé à l’école des calomniateurs staliniens, c’est une évidence. Devant votre mauvaise foi (cette expression vous ravira et vous va à ravir !) je laisserai Einstein vous clouer le bec : « Lorsque la révolution nazie survint en Allemagne, c’est sur les universités que je comptais pour défendre la liberté, dont j’étais moi-même un amoureux, car je savais qu’elles avaient toujours mis en avant leur attachement à la cause de la vérité ; mais non, les universités furent immédiatement réduites au silence. Alors je me tournai vers les grands éditeurs de journaux, dont les éditoriaux enflammés des jours passés avaient proclamé leur amour de la liberté ; mais eux aussi, en quelques courtes semaines et comme les universités, furent réduits au silence. Dans la campagne entreprise par Hitler pour faire disparaître la vérité, seule l’Eglise catholique se tenait carrément en travers du chemin. Je ne m’étais jamais spécialement intéressé à l’Église auparavant, mais maintenant je ressens pour elle une grande affection et admiration, parce qu’elle seule a eu le courage et la persévérance de se poser en défenseur de la vérité intellectuelle et de la liberté morale. Je suis donc bien forcé d’avouer que, maintenant, c’est sans réserve que je fais l’éloge de ce qu’autrefois je dédaignais. » Albert Einstein, article paru dans "Time" le 23 décembre 1940.
je ne suis formé à aucune école
me revendique nietzschéen et cela suffit
individu et souverain en tant que tel, le juste nécessaire
le christianisme quand il théologise politique et comme jamais se veut apocalyptique
le jésus armé et vengeur se retrouve aujourd'hui chez nombre de dits penseurs de droite (Muray, Dantec...) avec bien sûr la sacro-sainte référence à Bloy : "J'attends les cosaques et le Saint Esprit" (Au seuil de l'Apocalypse, Léon Bloy, moi aussi je lis les autorités chrétiennes autoritaires)
ce christianisme souvent catholique (dieu pour tous et chacun pour soi contre l'autre) a joué, peut jouer, jouera sa partie nihiliste avec les Etats totalitaires... c'est une histoire et un atavisme monothéistiques, rien à voir avec l'athéisme qui est d'abord un humanisme : voir la contre-histoire de la philosophie d'Epicure à Feuerbach
la "pensée" chrétienne perdue qu'elle est dans le monde réel cherchera encore à révisionner Badiou et d'autres comme elle l'a fait avec Derrida et Deleuze : la philosophie contemporaine est philosophie en s'affirmant vigilante, déconstructrice et moderne (nietzschéenne), cf la ligne de démarcation althussérienne.
"L'horizon kénotique de la mort de Dieu et la ré-immanentisation anthropologique (les droits de l'homme et de la vie humaine avant tout devoir envers la vérité absolue et transcendante de l'engagement devant l'ordre divin : un Abraham qui refuserait désormais de sacrifier son fils et n'envisagerait même plus ce qui fut toujours une folie). Quand on entend les représentants officiels de la hiérarchie religieuse, à commencer par le plus médiatique et le plus latinomondial et cédéromisé qui soit, le pape, parler d'une telle réconciliation oecuménique, on entend aussi l'annonce ou le rappel d'une certaine "mort de Dieu"" (Jacques Derrida, Foi et savoir)
"ce que la chrétienté (unaire, binaire, ternaire ou pas) a reçu de la part d'Artaud: "1° Je renie le baptême. 2° Je chie sur le nom de chrétien. 3° Je me branle sur la croix de dieu (mais la branlette, Pie XII, n’a jamais été dans mes habitudes, elle n’y entrera jamais. Peut-être devez-vous commencer à me comprendre). 4° C’est moi ( et non Jésus-Christ) qui ai été crucifié au Golgotha, et je l’ai été pour m’être élevé contre dieu et son christ, parce que je suis un homme et que dieu et son christ ne sont que des idées qui portent d’ailleurs la sale marque de la main d’homme ; et ces idées pour moi n’ont jamais existé. Libre maintenant aux derniers catholiques pratiquants de se prévaloir de l’existence d’un au-delà dont j’ai en main tous moyens de leur faire avouer qu’il sortit d’un pli de leurs ventres sales." (Antonin Artaud, Adresse au Pape, oeuvres complètes tome 1 Gallimard).
« Il n'est certes point hasard que le "Bateau ivre" soit daté du 15 août (1871) : le jour où la Sainte Mère de Dieu monte aux Cieux dans son âme et son corps n'insère-t-il pas les lignes directrices de la plus profonde aspiration de celui [RIMBAUD] qui écrit en conclusion de tout son unitaire œuvre, alors d'implicitement devenu explicitement chrétien, qu' "il [lui] sera loisible", une fois la Médiation advenue, "de posséder la vérité dans une âme et dans un corps".»
Maxence Caron, "Pages. Le sens, la musique et les mots", Paris, Séguier, 2009, p. 64.
le problème cher Alain Santacreu c'est que votre totalitarisme (ou catholicisme c'est le même mot) censeur ne va pas arranger vos affaires divines
refuser de lire et faire lire Artaud contre christ ou refuser ma parole très humaine trop humaine
ne va pas vous aider à retrouver le sain chemin de la pensée véridique
Caron est bon mais son révisionnisme concernant Rimbaud est ridicule, psychiquement autistique et formellement impossible
je vous laisse prendre conscience de la nécessité morale que vous avez à rendre publique ou pas la suite de mon dialogue avec Caron et vous-même
à bon entendeur salud
ce qui serait bien
au minimum
c'est de publier le commentaire dans le quel je cite Artaud
pour répondre à Caron
il s'agirait ici d'éveiller une âme au réel
"... les nombreux prodromes d'Apocalypse, dont Céline s'est voulu l'un des peintres et s'est douloureusement constaté le seul, n'ont encore remué les entrailles de personne. Ce pourquoi d'aucuns cœurs chrétiens trop souventefois anesthésiés par un béant optimisme qu'ils confondent à tort avec l'espérance théologale, ont à prendre dans la spiritualité d'un homme qui ne partageait pas leur foi mais voyait à livre ouvert ce qu'elle devrait leur révéler: la fin des temps."
CARON, Maxence, "Pages", Séguier, 2009, p.251, 'Céline : apocalypse, âme et musique.'
Monsieur Jugnon,
Sans doute vous sentiez-vous flatté que Monsieur Maxence Caron ait pu s'intéresser à vos élucubrations. Je suis désolé de vous décevoir mais il n'en est rien. Il s'avère que c'est Monsieur Jean-Marie Mathieu qui, assez maladroitement, il faut bien en convenir, s'est permis de signer du nom de "Maxence Caron" des citations tirées des oeuvres de cet auteur. En tant que responsable de ce blog, je me dois par conséquent de présenter toutes mes excuses non seulement à Monsieur Maxence Caron mais aussi à tous ceux qui auraient pu être abusés comme vous-même l'avez été, Monsieur Jugnon. J'ai donc rectifié les signatures, ainsi que l'on pourra le vérifier. D'autre part, ayant été obligé de mettre en suspens certains de vos messages, tant que cette "affaire" n'était pas élucidée, je viens de les mettre en ligne, sans aucune censure, comme vous pourrez le constater. Cependant, je ne souhaite pas y répondre et je vous demande, Alain Jugnon, d'avoir la courtoisie de bien vouloir dorénavant cesser d'intervenir sur ce blog.
sincèrement, c'est nulle cette histoire
cher Alain Santacreu j'accepte donc que vous me traitiez d'élucubrateur, c'est un fait, aussi (nous sommes nombreux et hommes de l'élucubration)
je vous remercie de votre totale honnêteté ici démontrée
tout ceci se joue dans la pensée et nous savons faire cela vous et moi
grâce nous en soit rendue
et je me tais
Le texte d'Alain Santacreu est une petite merveille... mais il n'empêche que l'on est en droit de se demander quel est l'intérêt pour Mavrakis d'analyser les contradictions d'une imposture intellectuelle : détour cathartique pour se libérer de ses anciennes errances ? désir hystérique de renouer le cordon ombilical rompu, de réintégrer l'espace matriciel pour en découdre encore, une dernière fois, afin d'espérer exister toujours aux yeux du maître, jouïr par son regard et, par la même occasion, spectaculairement, aux yeux du lecteur ? Désolé mais Mavrakis me paraît aussi stupide que Badiou.
Même si vos propos sont très élogieux, je me demande si vous avez bien lu mon texte : L’enjeu et l’importance du travail de Kostas Mavrakis me semblent pourtant évidents.
En tant que philosophe, j’ai appris très tôt à répliquer aux arguments par des arguments et à tourner le dos à ceux qui les remplacent par des grossièretés. Les éructations scatologiques d’Artaud sur le nom de chrétien semblent en délecter certains. Grand bien leur fasse. À chacun ses amusements. « Belzébuth », en revanche, pose une vraie question même s’il cherche midi à quatorze heure en multipliant les conjectures. Quelles pouvaient être mes motivations quand j’entrepris d’écrire un livre pour mettre une imposture intellectuelle à nu? La réponse est simple. Longtemps abusé par le brillant dialecticien qu’est Badiou, je fus consterné en découvrant dans "Le Siècle" une apologie du non-art. Mon décryptage de ce discours fit apparaître la faille qui, se propageant de proche en proche, entraîna la ruine du système. Ainsi ce qui semblait tellement solide était fragile ; je me faisais fort de le démontrer dans les domaines de l’art, de la religion et de la politique. Chacun comprend que je ne pouvais garder cette découverte par devers moi. On me demande parfois : « pourquoi tant de haine ? ». À quoi je rétorque : « pourquoi si peu d’amour pour l’art, pour la vérité ? ».
Bravo à MAVRAKIS pour cette excellente mise au point. J'ajouterai, en citant Maxence CARON, que "l'art conscient de soi et en accomplissement de soi est l'art chrétien, et l'art né dans la sensibilité chrétienne ou dans ce qui mystérieusement, per speculum in ænigmate, la préfigure". (in "La pensée catholique de Jean-Sébastien Bach, La Messe en si", Versailles, Éd. Via Romana, 2010, p. 17). À méditer en ce joyeux temps pascal !
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