Jeanne d'Arc : imposture politique ou vérité historique ?
vendredi, 06 janvier 2012
Extraordinaire lieu de la vie radicale, enjeu d'une mémoration piégée où se mettent continuellement à l’épreuve les embrasements de l'épopée insurrectionnelle des communautés de l’Être paysan — et de son enserrement par les diverses mystifications politiques des progressions nationales de la société de l’Avoir — Jeanne bouleverse et émeut parce qu'elle incarne le principe sacral de l’insoumission totale qui anime la grande communauté des cœurs insurrectionnaires, ceux qui refusent d’imaginer que la vraie vie pourrait se confondre avec les réussites sociales des lois mondaines du pouvoir de l’argent.
En des temps artificieux et tordus qui annoncent déjà le triomphe à venir des mensonges et des déguisements de la marchandise, Jeanne demeure toute rectitude et en vérité d’exigence. Dans un âge de phraséologies égarantes où le pouvoir royal travaille depuis longtemps, dans la longue durée insidieuse, à faire jaillir la victoire autocratique du spectacle du capital et de ses jacasseries médiatiques, Jeanne dit simplement et fortement l’évidence de la véritable sincérité de parole.
C’est pourquoi la paysanne de Domrémy, en tant que femme des clairvoyances cosmiques, est bien un jalon essentiel de l’émancipation révolutionnaire des cœurs, conductrice d'une guerre de mouvement critique, représentante d'une spiritualité des terres profondes, nécessairement et toujours insubordonnée aux apparats et bouffissures de l'Église savante de l’opulence régnante.
C’est d’abord pour cela que Jeanne l’extrémiste se voit abandonnée, trompée, dénoncée, livrée et vendue et qu’elle meurt sur le bûcher le 30 mai 1431, alors que la Sainte-Alliance de toutes les puissances de la domination des biens de ce monde avait décidé de mettre en place les diverses tractations militaires et diplomatiques qui conduiraient les couronnes de France et d’Angleterre à cogérer la caducité progressive du Traité de Troyes et l’émergence accomplie du développement capitalistique adéquat à la sanctification de la modernité marchande.
Quant à la réhabilitation ultérieure suivie de la canonisation, il va de soi qu’elles étaient là indispensables à la neutralisation de l'infinie sédition qui ressortait d’une puissance de vie qui, contre l’autorité ecclésiastique des royaumes du commerce d'ici-bas, n’avait cessé d’appeler au jugement direct des hauteurs réfractaires du divin.
En refus de l’économie narcissique de l’existence illusoire du temps des choses, l’humain ne retrouve sa qualité sacrale que dans l’expérience révolutionnaire de l’authenticité du souffle de vie… C’est là, notamment aux côtés de Jeanne et des surgissements de grandissement et de dé-asservissement qui rythment l’histoire indocile des vivants, qu’il convient de regarder attentivement les gigantesques et existentielles colères sociales montantes qui annoncent la radicalité des temps qui viennent où s’accélère partout la grande crise historique de l’empire mondial de la pourriture capitaliste régnante.
Francis Cousin
1 commentaire
Sans doute ce six centième anniversaire sonne-t-il le glas d'un monde qui expire : celui du profit et de la société marchande, et c'est tant mieux ! Un autre anniversaire, celui du grand abattoir de la première guerre mondiale me paraît, lui aussi, montrer l'horizon... Trois ans seulement nous en séparent et, sans vouloir jouer les prophètes, 2016 pourrait bien être l' "Année terrible": celle du grand nettoyage qui se fera, n'en doutons pas en raison de lois qui échappent aux raisonneurs et aux savants du monde. Le "Seigneur" — ce "Feu qui suscite et consume les univers" ( in Louis Cattiaux : "Le Message Retrouvé") — reconnaîtra les siens... Si Jeanne a, jusqu'au bout, accompli sa mission, c'est qu'elle portait en elle un feu sacré bien plus fort que celui du bûcher. C'est un exemple et l'assurance qu'à coeur vaillant, il n'est rien d'impossible.
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