Revue Ligne de risque : "Aperçus sur l'Immonde"
dimanche, 29 mai 2022
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Alain Santacreu
Le fascisme oligarchique davosien, ayant enregistré l’obsolescence de l'ancienne population d’esclaves prolétarisés, a mis à profit une fausse crise sanitaire, qu’il avait lui-même suscitée, pour instaurer la dictature biocratique d'un nouvel esclavage : le « collectivisme oligarchique » qu'avait prophétisé George Orwell dans "1984". Le langage performatif utilisé par la novlangue politico-médiatique a pu ainsi transformer la fiction coronavirusienne en réalité, précipitant la « grande initialisation » du capitalisme mondialisé.
Je voudrais saluer ici l’exceptionnelle dernière livraison de la revue Ligne de risque au titre générique très évocateur : « Aperçus sur l’Immonde ou la route de la servitude ». François Meyronnis y signe un éditorial détonnant qu’illustre superbement cet extrait : « Ce qui sidère, c’est à quel point la petite bourgeoisie culturelle, cette plèbe de scribouillards, de faux artistes et d’intellectuels d’élevage à laquelle toute pensée pèse parce qu’elle n’en a plus les moyens et que l’intégrité lui fait défaut pour l’accueillir, à quel point, donc, cette petite bourgeoisie accepte ce qui se passe sans broncher ; et avalise, tentaculaire et lugubre, l’actuel cours des choses. » Pour Meyronnis la crise sanitaire de 2020 a été le "prétexte", au sens donné par Noémie Klein dans La stratégie du choc, pour dépouiller définitivement les peuples de leur vitalité sociale en substituant à l’état de droit un état d’urgence permanent.
Cette virulence ironique de l’éditorial se poursuit dans une longue analyse, « Notes sur l’annulation en cours », où François Meyronnis décrit le déroulement de cette fausse pandémie dont le but véritable aura été de précipiter l’avènement de la dictature cybernétique. La zombification des mentalités, dit Meyronnnis, ne peut qu’aboutir à l’« annulation » de l’âme humaine, c’est-à-dire à la disparition du langage de l’être parlant. Nous avons pointé nous-même, sur ce site, le péril extrême du transhumanisme dans un petit texte, l'injection du mal absolu qui nous valut la condescendance de quelques petits « tyranneaux » de la pensée, comme aurait dit La Boétie.
On pourra lire encore, dans ce numéro de Ligne de risque un très éloquent article, « Au nom de la science », de Sandrick Le Maguer, qui s'applique à démonter les stratégies pseudo-scientifiques de la crise. De longs morceaux choisis du « Rapport d'information n°673 du Sénat » sont reproduits qui attestent du modèle de contrôle social que la gouvernance s'empresse d'instaurer.
Selon Giorgio Agamben, le capitalisme dans sa phase terminale n’est rien de plus qu’un gigantesque dispositif pour capturer les comportements profanateurs. Il définit ce dispositif comme : « tout ce qui a, d’une manière ou une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants. »
Nous assistons en ces temps de désolation, depuis le fond de l'abîme où nous sommes plongés, à la surrection d’une pensée critique contre le dispositif d’aliénation totalitaire de l’humain. Des publications récentes, comme Colaricocovirus de Medhi Belhaj Kacem ou ce dernier numéro de Ligne de risque, seront perçues comme des profanations par la doxa qui les incriminera comme étant « complotistes ». Un esprit de résistance se fait jour, ayant reconnu l'ennemi commun : les Bill Gates, Jeff Bezos, Elon Musk ou encore Marc Zuckerberg, chefs de file d'un transhumanisme multiplanétaire qui vise à annuler l'humain sur la terre. Bien sûr la forme de cette résistance peut différer. Ainsi, pour Mehdi Belhaj Kacem, elle est ce qu’il nomme l’anarchie d’en bas, celle de l’esprit fédérateur du peuple combattant contre l’anarchie d’en-haut, celle de l’oligarchie de la Silicon Valley. Pour Meyronnis la résistance sera logocrate, ce sera celle du verbe : « Alors, que faire ? se résigner ? Non. Trouver la parole. Ou plutôt – la recueillir. Comme l’énonce la liturgie catholique : " Dis seulement une parole, et je serai guéri". »
Ligne de risque, n°3 : Aperçus sur l’immonde. 2022, 72 p., 10 €.
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