Lire et écrire avec son ange
samedi, 23 septembre 2023
Du site Poezibao à la revue Catastrophes, j’ai envoyé ce texte à de nombreuses personnes, des amis, des éditeurs, de soi-disant poètes : leur fin de non-recevoir a été unanime. Force m'est donc de constater ce rejet (ou contre-rejet ?) Je le donne ici à lire comme cette pierre dédaignée dont parlent les Psaumes.
C’est évidemment très délicat d’aborder un texte « poétique » par les temps qui sont les nôtres, si l’on considère, comme René Guénon, que nous sommes à la fin d’un cycle (ou d’un monde) : cela signifie que la capacité de lecture « spirituelle » a pratiquement totalement disparue et qu’il ne reste plus, au mieux, qu’une poésie psychique (sinon carrément hylique). Or, ce texte, volens nolens, est un poème d'initiation. Seule la quête d'un "neutre imaginal" (metaxu entre le sensible et l'intelligible) me semble encore spirituelle dans la poésie actuelle, digne d'une mystique expérimentale révolutionnaire (retournement vers l'origine du Puer aeternus), mais encore faudrait-il dire « spirituellement » ce neutre, c’est-à-dire le lire et l’écrire "avec" son ange. Pourquoi ? Parce que seul le spirituel comprend le spirituel. Seul l'ami peut lire l'ami. Ceci dit, sans doute ce texte n’est-il pas plus « spirituel » qu’un autre mais, le serait-il, qu’il ne pourrait être reconnu comme tel par personne, et cette seule constatation suffit pour effacer en moi toute trace de déception égotique.
Lire le texte : Le jour aurélienne
1 commentaire
Cher Alain,
Si j’ai eu du mal à vous suivre dans les dernières livraisons de Contrelittérature, je retrouve dans
ce magnifique poème la haute inspiration, la puissance imaginative et le bonheur d’expression que j’ai admiré chez vous et parmi la constellation des grands auteurs que nous aimons.
Je joins un poème, d’un style bien différent du vôtre, mais qui, me semble-t-il, pourrait lui être apparenté.
Avec mon admiration et mes pensées amicales.
Marc Gautron
Apparition
Un chemin creux, entre deux rangs de haies,
Le bel endroit pour une apparition !
Le sable blanc trace comme un sillon
Vers l’horizon mordoré des futaies.
Quelle présence, en ces lieux va descendre,
Et devant moi se matérialiser,
Comme un oiseau, soudain, vient se poser,
Grâce promise à qui savait l’attendre ?
Mais dans l’éclat de la pure lumière,
J’ai beau scruter, tous mes sens aux aguets
Rien ne se forme et rien ne m’apparaît.
L’espace est vide ; il n’y a que la terre ?
Non, je devine, au-delà, dans les nues,
Quelque visage aimé, me regardant,
Vierge attentive, ange m’accompagnant,
Mais par pudeur loin de moi retenue.
L’air vibre ici de son souffle invisible,
Il m’en apporte un parfum délicat ;
Pourquoi vouloir à tout prix le constat,
Puisque mon âme à son âme est sensible ?
Au grand soleil m’est délivré l’oracle :
Je suis bien seul, sur ce chemin désert,
Mais dans l’absence où mon regard se perd
S’opère, ailleurs, un permanent miracle.
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