Verticaliser Gaza
lundi, 04 novembre 2024
L’extinction du judaïsme
dans la lumière du chiisme duodécimain
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Alain Santacreu
Giorgio Agamben dans un texte récent1 pronostique la fin du judaïsme : « le judaïsme, qui n’était pas mort à Auschwitz, connaît peut-être aujourd’hui sa fin ». Je ne le suivrai pas dans son interprétation : le judaïsme ne disparaîtra pas, tant que le peuple juif comptera un seul juste en son sein. Toutefois, l’inhumanité criminelle du sionisme à Gaza, au Liban et en Iran, est une irrémiscible négation du judaïsme dont la conséquence inéluctable sera son obscurcissement spirituel. La virtualisation de l'esprit toraïque va provoquer simultanément l’actualisation révélatrice du chiisme duodécimain. Nous entrons dans les derniers temps où la Shekina, rejetée au milieu des ténèbres, suivra la lumière de la Xvarnah. Selon l'économie mystique de la tradition primordiale, la prophétologie chiite, suppléant à l’effacement du prophétisme hébreu, génèrera la conjonction ésotérique ("bâtin") de l'hébraïco-christianisme et de l'islam intérieur, dans un même courant oriental - au sens métaphysique et non géographique du mot. C'est là un avènement eschatologique qui concerne la "hiéro-histoire", pour reprendre l’expression d’Henry Corbin dont l’œuvre, en particulier En Islam iranien, semble être des plus éclairantes pour comprendre ce qui se joue, sous nos yeux mais sur un autre plan.
Du point de vue métaphysique, le chiisme politique des ayatollahs équivaut au judaïsme dévié du sionisme religieux, l’un et l’autre sont des nationalismes fondamentalistes totalitaires. Comme le judaïsme authentique, le pur chiisme est non étatique. Il estime que Mahomet, s’étant lui-même authentifié « prophète-serviteur » et non « prophète-roi », ne pouvait transmettre aux douze Imams de son lignage qu’un pouvoir spirituel et non temporel. Le Mahdi chiite, comme le Maschiah juif véridique (et non pas le Dajjal du Érèv-rav), nous oriente vers l’exil gnostique du monde de la réalité objective qui est celui des analogies et des symboles. Entre le divin et l’humain, le symbole imaginal, loin de nier la réalité tangible de l’événement, lui rend son sens anagogique, le verticalise. Le poète persan Sohrawardî désigne par Hûrqalyâ ce monde intermédiaire entre le sensible et l’intelligible. Hûrqalyâ est la terre sainte où le judaïsme a trouvé refuge. Si l'on veut qu’il réapparaisse un jour dans l'histoire de l'humanité, il va nous falloir apprendre à « voir en Hûrqalyâ » : verticaliser Gaza.
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