CONTRELITTÉRATURE

Dans Controverse, un livre d’entretiens sur la politique et la philosophie contemporaines, Jean-Claude Milner expose une théorie du nom politique qui se laisse résumer ainsi :

a) Un nom est considéré d’autant plus politique qu’il divise plus profondément les adversaires.

b) Le nom « ouvrier » avait été le diviseur par excellence du XIX^e siècle. Il cessera de l’être, au début du XX^e siècle, avec l’affaire Dreyfus, pour être remplacé par un autre nom diviseur : « Juif ».

Alors, quel serait le nom politique de cette première moitié du XXI^e siècle ? Eh bien, comme Mehdi Belhaj Kacem le dit explicitement dans sa préface à mon livre Le roman retrouvé, le nom diviseur d’aujourd’hui est : « complotiste ».

Le hic est que, dans ce roman, je montre que le seul événement réel du XX^e siècle, ce fut l’accession du nom « Juif » comme nom politique au détriment de celui du nom « ouvrier ». Cela se fit à partir de la trahison de la révolution sociale libertaire de 1936 en Espagne, par l’alliance occulte du libéralisme, du fascisme et du soviétisme. Révolution trahie qui décida de la répartition du monde après Yalta, comme l’a dénoncé George Orwell, dans son 1984.

Il semble inadmissible aux complotistes confits d’admettre une telle analyse car, si le nom politique « Juif » a effacé celui d'« ouvrier », cela implique logiquement que le nom politique « complotiste » doive effacer le nom « Juif ». Ce qui déclenche illico un "soupçon" pavlovien, chez tout complotiste respectable, concernant l’attitude adéquate devant l’exploitation sémantique du nom « Juif ».

J’ai proposé Le roman retrouvé à de nombreuses revues qui s’auto-proclament fièrement « complotistes », comme par exemple Kairos d’Alexandre Penasse, toutes m’ont répondu par une fin de non-recevoir.

J’en conclurai donc que seuls les complotistes authentiques sont en capacité de lire Le roman retrouvé mais je n’ose demander à mon éditeur combien se sont manifestés à ce jour !