Poème immobile par les temps qui courent
INSTANCES DU THABOR
louve de miel tapie
au seuil des portes du silence
dans le noir plus noir que le noir
jaillit lumière d’ange
foudre éléphante du sommeil
sorcière sans pensée
ô douce ensoleillée
ni paroles magiques
ni charmes dévoyant
l’incendie des mots silencieux
aurorale rosée
en audition muette
la voix nue du poème
des écailles du jour
encor vêtue de la fragile
défaillance de l’aube
sidérale et limpide
laitances sur ton ventre
fils de la vierge déflorée
neiges au rouge dévoilé
odoriférantes salines
dans la ferveur de l’aube
mouillée à l’indigo
embrasement porphyre
rougeoyant des grenades
juteuses de tes seins
aveugle désirance
bourdonnement d’essaim
hystérique beauté abeille
iliaque belvédère
l’être enneigé sera
blanche et noire la nuit
et le jour aurélienne
abbaye la blessure
dogmatique majeure
gèlera l’âme dans ton corps
d'hauturières messageries
j'ai reçu l'e-mail en plein coeur
les eaux infantes de tes yeux
la chair liliale du royaume
éblouissement lacrymal
libérée de l’enclos mental
hiérophante d’un christ
femme étoile écarlate
du matin aux lèvres de joie
la ruche a été transpercée
partout où tu étais iras
j’ai bu et boirai l’eau désir
des latrines divines
l’hostie fondante de l’urée
d’or brûlant sur ma langue
les théurgies sanglantes
du vin des vignes du thabor
nature d’avant l’inconscience
exalte ta nudité princière
exulte ta gorge d’enfant
eucharistiques aéroles
couronnées de glace et de feu
partout j’ai suivi et suivrai
l’ardente trace de tes pas
marcheuse du ciel véridique
transparente jusqu’au sommet
mère et amante fée
des glaciers hyperboréens
soleil vert dernier souffle
du dernier mot à prononcer
Alain Santacreu