Le jeu des collabobos
À Chat perché
Il y a un poème de Francis Ponge, « À chat perché », qui est celui de toutes les collaborations. Il faut avoir été un fidèle compagnon du parti communiste français, avoir choisi le parti pris des choses contre le parti donné de l’esprit, pour saisir avec tant de froideur lucide l’imposture collaborationniste dans son essence même, sans pour autant la nommer ni la concevoir autrement que chez les autres, ceux qui ne simulent pas le combat pour la liberté mais le vive au risque de leur vie.
De 1939 à 1941, durant le honteux pacte germano-soviétique, le parti communiste français forçait la classe ouvrière, abrutie par la propagande, à ne pas faire d’amalgame entre Staline et Hitler. Les choses sont pareilles aujourd’hui avec les collabobos de tous bords. Pour ces usurpateurs de mots les cent millions de morts du communisme n’ont rien à voir avec le vrai communisme !
Pour être collabobo, il suffit de ne pas avoir les deux pieds sur terre : « Sur un seul pied, sur n’importe quoi mais pas à terre. Il faut être perché, même en équilibre instable, lorsque le chasseur passe. Faute de quoi il vous touche : c’est alors la mort ou la folie », nous avertit Ponge.
Dans le jeu de chat perché, sous l’innocence et l’agitation puériles, on reconnaît le choix redoutable d’une victime propitiatoire, diabolisée par cette idéologie totalitaire qui, depuis les Lumières, s’est arrogée impunément les valeurs humanistes. La fuite qui permet d’éviter l’attouchement du porteur de souillure est un déni du jeu pour la vraie vie.
« À chat perché », ce jeu enfantin désigne la vérité monstrueuse de l’être social tel que l’imposture communiste l’a figé dans notre histoire et que les collabobos continuent d’ânonner. Il s’agit pour ces insectes de l’âme de fuir le combat en courant hors de portée du revolver. Mais, à ce jeu-là, on en vient très vite à ne plus pouvoir distinguer entre le faux fasciste et le vrai résistant.